Top 14 – Cheikh Tiberghien (Bayonne) : "Fabien Galthié m’a dit qu’il fallait que je continue à bosser pour aller chercher le maillot"

  • Cheikh Tiberghien a inscrit quatre essais, dont un doublé à Paris, cette saison
    Cheikh Tiberghien a inscrit quatre essais, dont un doublé à Paris, cette saison Icon Sport - Herve Bellenger
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Installé depuis le début de la saison, au poste d’arrière, Cheikh Tiberghien (24 ans) revient sur la mauvaise passe traversée par son équipe, évoque le déplacement à Auxerre pour affronter le Racing ce week-end, analyse ses dernières performances et son match raté face à l’UBB, et parle de son rêve de porter, un jour, la tunique tricolore.

Bayonne a perdu ses quatre derniers matchs. Comment traversez-vous cette mauvaise passe ?
Comptablement, ça nous a fait très mal. Nous n’étions pas loin de la course au top six et nous sommes, maintenant, dans la course au maintien. En deux matchs, nous avons basculé, mais nous le savions. Le championnat est hyper serré et une défaite à domicile pouvait nous faire mal. Là, ça fait deux. Quatre défaites, ça fait mal à la tête, mais on a essayé de rester soudés et de continuer à bosser comme on le faisait. Le but, c’est de bien finir la saison, car nous devons laisser le club en Top 14.

Quelle sera, selon vous, la clé pour s’en sortir ?
La chose la plus importante sera la solidarité du groupe, des quarante joueurs et notre rugby. C’est ce qui nous a permis d’aller chercher six bonus défensifs à l’extérieur, même si c’est dur de ne pas avoir gagné un match en déplacement.

Au quotidien, avez-vous noté des changements depuis que vous êtes lancés dans la course pour le maintien ?
Non. Notre travail reste le même. Dans la tête, tout le monde le sait. On ne s’est pas mis une pression supplémentaire. La pression, tout le monde l’a déjà chaque week-end. Ça ne sert à rien de se mettre la tête à l’envers après ce mauvais passage. On a continué à bosser, peut-être un peu plus. Il y a peu de matchs où nous avons roulé sur l’adversaire. À chaque fois, à la maison, nous avions la pression. À l’extérieur, il y en avait aussi pour enfin aller chercher quelque chose. Alors là, peut-être qu’il y a une pression supplémentaire, mais on ne se l’est pas mise dans le groupe. Je ne pense pas que ça serve à grand-chose. Au contraire, ça pourrait nous desservir.

Après être tombé à Jean-Dauger face à l'UBB (15-34), Bayonne est en danger et joue le maintien dans le sprint final. pic.twitter.com/Och8Nwtc7S

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) April 29, 2024

Qu’attendez-vous du match contre le Racing ?
On se souvient tous du match aller. Le Racing menait bien au score et nous avions réussi à tout chambouler avec cet essai de Rémy Baget à la fin. Je pense qu’au Racing, ils ne l’ont pas oublié. Cette équipe va à 10 000, elle est incroyable dans la vitesse et l’engagement. À mon avis, nous allons être reçus. On s’attend à un très gros match, physique, avec beaucoup de vitesse.

Pour ce match, le Racing pourra bénéficier du retour de Josua Tuisova…
Une équipe ne gagne pas avec un joueur, mais Tuisova, c’est sûr qu’il vaut mieux l’avoir avec que contre soi (sourire). C’est un facteur X, ultra-dangereux. Il faudra faire très attention à lui.

Vous jouerez cette rencontre à l’Abbé Deschamps, l’enceinte de l’AJ Auxerre. Qu’est-ce que ça change ?
Pour nous, au niveau de la surface, ça ne change rien, car ça reste de l’herbe. Le Racing est habitué au synthétique, où ça va encore plus vite. Après, je ne pense pas que la surface puisse changer complètement un match. Ça peut légèrement intensifier une rencontre, mais ça reste du rugby, avec une grosse équipe en face. Je ne suis pas sûr que le Racing soit tant perturbé que ça par le fait de ne pas jouer sur synthétique.

En tant que fan de football, le fait d’aller jouer dans cette enceinte amène-t-il une saveur particulière ?
C’est cool, oui. J’avais déjà vraiment adoré le fait de jouer le match contre Toulon à Anoeta, même s’il y a ce gros point noir avec la défaite. Là, ce sera à Auxerre. Je n’ai pas du tout d’attache avec l’AJA, je ne la suis pas, mais ça reste un stade de foot. Il doit y avoir une atmosphère particulière. Je ne connais pas du tout l’Abbé Deschamps. Je ne sais même pas quelle est son affluence. 18 000 ? Ça reste un petit stade de foot, comme un stade de rugby. Sur les photos, il me fait penser au stade de Castres.

Vous pourriez affronter, ce week-end, Max Spring, que vous avez connu dans les équipes jeunes à l’Aviron. Quelle relation aviez-vous ?
Avec Max, nous avons joué ensemble un an, en Crabos. Nous avons quitté le club en même temps (2019). Maintenant, on s’est éloignés, mais à l’époque, nous étions assez potes. Je m’entendais très bien avec lui, tout comme je m’entends très bien, aujourd’hui, avec son frère Tom. Max, c’est un très bon gars sur le plan humain. Au niveau du joueur, on connaît ses qualités. Il est hyper dangereux, va vite, possède des appuis et tente des choses.

Avez-vous demandé à son frère, Tom, des astuces pour l’arrêter ?
Non, il reste fraternel et ne dit rien (sourire).

Vous avez, avec Max, quitté l’Aviron avec l’étiquette de grand espoir au poste d’arrière. Vous êtes, aujourd’hui, deux titulaires en Top 14. C’est une réussite…
Oui, pour l’instant, ça nous réussit. Depuis mon départ en 2019, j’ai beaucoup joué en pro à Clermont, puis Bayonne. Lui, c’est pareil. Il a l’air d’avoir trouvé sa place, il enchaîne.

"Tuisova est presque inarrêtable..."

A Auxerre et face à l’Aviron bayonnais, Antoine Gibert dirigera ce week-end le jeu du Racing 92 et s’appuiera, à son extérieur, sur un renfort de poids : Josua Tuisova. https://t.co/wErBZKGRcl

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) May 8, 2024

Quel regard portez-vous sur votre saison, jusqu’ici ?
J’ai trouvé les débuts un peu poussifs. Il y avait un changement de club, de coéquipiers… Ça y joue. Sur la suite, je joue mieux qu’au début. J’ai évolué sur certains points, je me suis trouvé avec mes partenaires, le staff. Je suis très content de ma saison jusqu’à présent. J’espère que ça continuera et que ça ira de mieux en mieux.

Contre Bordeaux, j’étais dans un jour sans

Vous n’aviez jamais autant joué en Top 14 que cette saison…
Vous me l’apprenez. Depuis le début de saison, je n’ai loupé que deux matchs. C’est cool de pouvoir enchaîner, quand tu fais de bonnes performances et que le staff te fait confiance. Je n’ai pas été blessé, à part quand j’ai eu une petite alerte qui m’a fait rater deux matchs. Je touche du bois pour que ça continue.

Vous avez crevé l’écran contre Paris, mi-avril. Que pouvez-vous nous dire sur votre match et sur votre entente avec Camille Lopez, ce jour-là ?
Avec Camille, on s’entend très bien en dehors du terrain. J’ai eu la chance de jouer avec lui à Clermont, je connais son jeu. Je peux anticiper ce qu’il va faire. Camille lit le jeu comme peu de joueurs savent le faire. Il arrive à anticiper mes courses. On arrive à pas mal se trouver, c’est cool. J’étais content de mon match à Paris, mais la défaite a entaché ma prestation et celle de mes coéquipiers. Derrière, contre Bordeaux, j’ai fait un très, très mauvais match. Ça prouve que j’ai encore plein de trucs sur lesquels je dois évoluer.

Justement, que s’est-il passé lors de cette rencontre face à l’UBB, où vous avez à peu près tout raté ?
J’ai eu une discussion avec le manager après le match. Il n’y avait pas de raisons particulières à ça. Le temps était très compliqué pour un arrière, mais c’était le même pour tout le monde. Ce n’est pas une excuse. Ma préparation a été la même que d’habitude. J’étais dans un jour sans. Je ne sais pas si les gens, de l’extérieur, peuvent le comprendre, mais chaque joueur de rugby l’a déjà vécu et le revivra. C’est la seule rencontre où j’ai vraiment fait un mauvais match. Il faut qu’il y en ait le moins possible, c’est l’objectif. Après un mauvais match, il faut juste basculer et ne pas se mettre la tête sous l’eau.

Comment fait-on pour “ne pas se mettre la tête sous l’eau”, après un match raté ?
La première chose, c’est de savoir qu’on n’a pas été bon, de l’admettre et de regarder ce qu’on a fait de mal. En l’occurrence, face à Bordeaux, c’était presque tout. Mais je sais que ce n’est pas mon niveau et que je peux mieux faire. C’est mon plus mauvais match depuis que je suis arrivé à l’Aviron. Il ne faudra pas reproduire les mêmes erreurs.

Avant de passer à côté de votre rencontre contre Bordeaux, vous avez sorti quelques solides prestations, si bien que votre nom commence à circuler, aujourd’hui, comme potentiel candidat pour une tournée cet été. Comment le vivez-vous ?
Bien, c’est cool de savoir que son nom circule comme vous dites. Après, il n’y a rien eu encore. Ça fait toujours plaisir de se dire que tes performances de la saison ont été remarquées et qu’il y a, un peu, une carotte au bout. Ça pousse à ne pas lâcher et faire encore mieux. Aujourd’hui, les autres sont meilleurs que moi. Le Graal, pour tout joueur, c’est de jouer pour son pays. Ce ne serait que du plus, pour moi.

Le sélectionneur, Fabien Galthié, était à Bayonne en début de semaine. Avez-vous pu échanger ?
Oui, nous nous sommes croisés. Nous avons un petit peu parlé.

Que vous a-t-il dit ?
Qu’il avait remarqué ma saison, que j’avais fait des choses bien, des choses moins bien et qu’il fallait continuer pour aller chercher ce qu’il y avait à chercher. C’est tout. On n’a pas parlé très longtemps. Fabien m’a dit qu’il fallait que je continue à bosser pour aller chercher le maillot, qu’il ne l’offrait pas.

La tournée de cet été est-elle devenue un objectif ?
L’équipe de France, je n’ai même pas un pied dedans. J’ai les deux pieds à l’extérieur, juste le bout du nez. C’est clairement un objectif d’y aller, mais mon premier objectif, c’est de finir bien la saison et de maintenir l’Aviron. C’est primordial. Il faut faire les choses dans l’ordre. Si je finis bien la saison, que je fais de bonnes prestations, peut-être qu’il y aura une récompense… En revanche, si je ne pense qu’à l’équipe de France et que j’en oublie les matchs avec l’Aviron, il n’y aura aucune cape.

Avez-vous déjà planifié vos vacances cet été ?
Figurez-vous que j’ai pris des billets pour aller voir ma famille au Sénégal, mais j’attendrai le dernier moment pour savoir si je peux y aller ou pas (sourire).

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Les commentaires (8)
Pancho31 Il y a 9 jours Le 10/05/2024 à 16:14

Seul soucis pour lui, il y a devant lui ramos, buros, jaminet (qui bute), même Dublin...

brettfavre Il y a 11 jours Le 08/05/2024 à 21:30

Il a un tres bon pied gauche a la Loewe. Ca peut faire la difference face a ses concurrents

Mic872002 Il y a 10 jours Le 09/05/2024 à 09:36

La qualité d'un arrière ne se résume pas à son jeu au pied, heureusement.
De toute façon, pour ce qui du pied Jaminet est au dessus de tout le monde !
Et comme dit PHm du Var il y a du monde derrière Ramos...Et je me demande même si en cherchant un peu plus, on ne va pas en trouvé encore d'autre prétendants.

PhM-du-Var Il y a 11 jours Le 08/05/2024 à 17:33

Excellent joueur, à qui on peut souhaiter de voir ses rêves d'EDF se réaliser mais il y a du monde en ce moment derrière Ramos : Jaminet, Barré, Dulin, Spring, Buros, Attisogbé... Et quand je vois le potentiel du jeune toulonnais qui arrive, Domon, ça va être dur d'aller le chercher ce maillot.