Opinion. Jordie Barrett, la bonne blague irlandaise
Léo Cullen, le patron sportif du Leinster, a une gueule à faire du cinéma. Il en a aussi le talent, remarquez. Et lorsqu’on le découvrit récemment sur scène – la voix basse, le regard accroché à l’horizon et le pathos en étendard – dégoiser sur la formidable exception culturelle incarnée par son Leinster, on eut ce jour-là bien du mal à contenir nos larmes : "Tous les ans, de nouvelles équipes se présentent en Champions Cup et que font-elles ?" La question, rhétorique en son essence, n’appelait donc pas de réponse et en face, l’auditoire de Cullen devait ainsi comprendre que "les nouvelles équipes" dont causait l’ancien deuxième ligne irlandais dépensent cycliquement "un pognon de dingue", comme dirait l’autre, pour coloniser promptement le continent et soulever presto presto la coupe aux grandes oreilles…
"Nous n’avons pas chez nous de milliardaires, poursuivait-il au fil de ce même prêche. Nous avons simplement l’appui de merveilleux supporters et comptons aussi sur la détermination de nos joueurs pour faire triompher les provinces irlandaises." À cet instant précis du discours, on aurait même juré entendre, en fond sonore, les premières notes du très solennel "Ireland’s Call"…
Notez qu’on aurait alors pu rétorquer au bon Leo que la vingtaine d’internationaux irlandais cohabitant entre les murs de brique de sa Dirty Old Town, aussi "déterminés" soient-ils, ne vivent a priori pas d’amour et d’eau fraîche : on en veut même pour preuve qu’à chaque fois qu’un milliardaire de chez nous fait les yeux doux à un Diable vert dans la force de l’âge, celui-ci, probablement pour une brassée d’avoine, une bourrade amicale et deux fûts de Guinness prolonge aussitôt son contrat dans le paradis fiscal celte.
Notez surtout qu’on n’eut même pas besoin, en fait, de contredire l’argumentaire de Leo Cullen tant la suite des évènements le fit certainement mieux que nous : à la seconde où les Leinster Blues révélaient donc que le All Black Jordie Barrett, serait la saison prochaine un Leinsterman parmi d’autres, on fut probablement fort nombreux à regretter d’avoir été pris pour des truffes, trois jours plus tôt…
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