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Coupe du monde de rugby 2023 - Immersion avec les Springboks dans leur maison à Toulon

Par Mathias MERLO
  • La délégation sud-africaine débarque à Toulon. Les champions du monde en titre ont choisi le Var comme camp de base sous les conseils de leurs glorieux anciens, qui louent le cadre de vie offert par cette région. Faf de Klerk (en haut à droite) profite du soleil !
    La délégation sud-africaine débarque à Toulon. Les champions du monde en titre ont choisi le Var comme camp de base sous les conseils de leurs glorieux anciens, qui louent le cadre de vie offert par cette région. Faf de Klerk (en haut à droite) profite du soleil ! Abaca / Icon Sport - Abaca / Icon Sport
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Conseillés par Habana et Botha, mais aussi par des joueurs passés récemment par la case RCT (Kolbe, Vermeulen, Etzebeth), les champions du Monde ont vécu deux semaines idylliques entre La Seyne-sur-Mer et Toulon. Pour le plus grand bonheur des locaux qui les ont adoptés.

"C’est la première fois, me semble-t-il, que nous vivons la Coupe du monde dans une ville spécifique. Avant de venir ici, nous avions le choix d’aller à Marseille, ou à Aix-en-Provence. Mais c’était trop loin, et les installations ne nous convenaient pas en termes d’entraînement et d’hôtellerie. Puis, vous savez, les Sud-Africains ont un lien avec Toulon, notamment grâce aux joueurs qui ont joué ici. Nous nous sentons bien dans cet endroit." Jacques Nienaber n’avait pas vraiment le cœur à quitter son nouveau lieu de vie à l’heure de découvrir l’ouest, et Bordeaux.

La délégation sud-africaine débarque à Toulon. Les champions du monde en titre ont choisi le Var comme camp de base sous les conseils de leurs glorieux anciens, qui louent le cadre de vie offert par cette région. Faf de Klerk (en haut à droite) profite du soleil !
La délégation sud-africaine débarque à Toulon. Les champions du monde en titre ont choisi le Var comme camp de base sous les conseils de leurs glorieux anciens, qui louent le cadre de vie offert par cette région. Faf de Klerk (en haut à droite) profite du soleil ! Abaca / Icon Sport - Abaca / Icon Sport

La faconde du regretté Éric Melville, le plus Toulonnais des Sud-Africains, n’est plus là pour vanter les mérites de son port d’attache, pourtant loin de sa mère-patrie. Ses descendants des années 2010, tour à tour, ont pris le relais du troisième ligne. Pour Etzebeth, Toulon était semblable au Cap. C’est dans la garrigue, dans l’arrière-pays varois, que Botha s’est énamouré du Var, notamment lors de fructueuses parties de chasse.

"On dirait une colonie de vacances"

À deux pas de la mer bleue turquoise, les habitants des alentours ont longtemps pensé que le bel écrin du "Grand Hôtel des Sablettes Plage" allait être bunkerisé pour l’événement. Que nenni, comme on dit dans le vieux patois. Les Sud-Africains ont donné, bien plus que ce que les citoyens espéraient. Serviette autour de la taille, De Allende s’est ramené en conférence de presse avec un léger retard après un bain dans la Méditerranée, suivi d’une multitude de selfies et d’autographes auprès de minots du coin. Il était tout excusé par l’auditoire. Jacques Nienaber, en privé, a beaucoup insisté sur l’importance du partage. "Vous êtes les représentants de notre nation sur le terrain, mais aussi en dehors."

Pour se fondre "dans la communauté" et rendre "l’amour donné par les gens", Siya Kolisi, par l’intermédiaire de Jérémie Fickou, le grand-frère du centre international, s’est aussitôt rendu à la rencontre La Seyne-sur-Mer – Aubenas pour découvrir la culture locale. "Les habitants ont accueilli notre bande les bras ouverts. Nous venons d’en bas, et nous devons aussi nous fondre auprès d’eux en réalisant des activités collectives." Des parties de beach-rugby ont été organisées avec des écoliers, une cession de rugby fauteuil a été partagée en supplément avec l’équipe de la métropole. Mais, c’est la participation constante à l’économie locale qui a été le plus appréciée et soulignée par les commerçants. "On dirait une colonie de vacances", avoue un employé de l’établissement, surpris par la tranquillité de ses clients "hors du commun". Pour que la tribu soit complète, la plupart des joueurs ont installé les membres de leur famille dans des hôtels à proximité. La méthode a fait ses preuves au Japon, où le staff des Boks avait déjà accepté que les compagnes et enfants fassent partie intégrante de l’aventure coupe du Monde. Par ricochet, cette stratégie a permis une belle arrière-saison pour les établissements hôteliers, bondés de surcroît par l’arrivée massive de supporters.

Les Boks épousent le mode de vie local

La semaine avant le succès face à l’Écosse, les champions du Monde ont organisé un Braai, un type de barbecue sud-africain très prisé pour fêter de grands événements avec la famille et les amis, pour lancer leur Mondial. Pour juger les forces adverses lors de France - Nouvelle-Zélande, la bande à Kolisi a ajouté un autre rassemblement dans le jardin de l’hôtel, en mode cinéma en plein air, avec popcorn, bonbons et glaces à volonté. Vous l’avez compris, les Sud-Africains ne sont pas du genre à se cacher au moment de profiter des instants de repos.

La délégation sud-africaine débarque à Toulon. Les champions du monde en titre ont choisi le Var comme camp de base sous les conseils de leurs glorieux anciens, qui louent le cadre de vie offert par cette région. Faf de Klerk (en haut à droite) profite du soleil !
La délégation sud-africaine débarque à Toulon. Les champions du monde en titre ont choisi le Var comme camp de base sous les conseils de leurs glorieux anciens, qui louent le cadre de vie offert par cette région. Faf de Klerk (en haut à droite) profite du soleil ! Abaca / Icon Sport - Abaca / Icon Sport

Au grand jour, les attitudes ne changent pas. Avec des bicyclettes mises à disposition, il n’est pas rare de voir Faf de Klerk, Marvin Orie et d’autres membres du groupe déambuler sur le littoral. Face aux journalistes, le deuxième ligne est revenu sur ces moments de vie, bien plus capitaux qu’il n’en paraît. "La pression sur nos épaules est forte, mais il est parfois bon de s’éloigner du rugby. Des personnes apprécient le golf, certains aiment la mer, et les plus gourmands apprécient les glaciers de la ville (rires). La Coupe du monde est le summum, nous voulons donner de la fierté à notre pays. On va faire de notre mieux sur le terrain, mais nous avons aussi besoin de ces à-côtés."

Ils n’hésitent également pas à bousculer leurs habitudes : le Rooibos, un thé rouge faisant partie intégrante de leur éducation, a été remplacé par les cappuccinos préparés avec soin dans les cafés de la côte. Au trio traditionnel féculents, légumes, protéines (de l’ordre d’un demi-poulet par jour accompagné de suppléments biltong), certains, dont on taira les noms pour qu’ils s’évitent des ennuis avec la diététicienne Zeenat Simjee, ont écumé les différentes pizzerias de La Seyne-sur-Mer. Il n’y a pas de mal à renforcer la vie de groupe.

Un entraînement ouvert devant 8 000 fans

À quelques jours du rendez-vous face à la Roumanie, les champions du Monde en titre se sont même permis une sortie nocturne dans un lieu de soirée bien connu du littoral. Avant les choses sérieuses, et le choc face à l’Irlande, la troupe de Nienaber a vécu l’art de vivre à la varoise. Néanmoins, le sérieux demeure omniprésent du côté du Campus RCT. Aucun entraînement n’a été ouvert plus d’un quart d’heure à la presse. Un drone, utilisé pour voir les placements des joueurs, sert aussi à déceler un éventuel curieux.

Il a fallu attendre jeudi, le dernier jour passé dans l’agglomération par les équipiers de Moodie, pour qu’on lève le voile sur la partie terrain. En musique et en dansant, Siya Kolisi et les siens ont mis les crampons devant 8 000 personnes, dont 3 500 enfants, à Mayol. Pendant un peu plus d’une heure, ils ont répété les gammes – mêlée, touche, lancements de jeu – sous les hourras du public. À l’applaudimètre, Kolbe et Vermeulen ont reçu un soutien particulier.

Le retour si discret d’Eben Etzebeth

Du haut de son double mètre, il n’est pas censé passer inaperçu. Et pourtant… Venu marcher sur les "traces de son aîné Bakkies Botha", dixit Mourad Boudjellal au moment de sa venue, le deuxième ligne n’a pas laissé un souvenir impérissable en Rade (2019-2022), en raison notamment d’une étonnante malchance en termes de blessures. Forcément, les journalistes suiveurs des Boks et du RCT avaient une ribambelle de questions à poser au natif du Cap, qui s’est plus ou moins tu depuis son départ vers les Sharks, où il a pu accompagner son père dans ses derniers instants de vie. Finalement, au contraire de Cheslin Kolbe et Duane Vermeulen, qui ont vanté les mérites de l’environnement local et de leur aventure varoise, Etzebeth n’a été convié à aucun point presse.

On savait l’intéressé peu adepte de l’exercice. Cependant, une autre incongruité a marqué son retour. Le RCT, adepte de contenus digitaux sous la houlette de François Pesenti, a mis une seule fois en valeur, dans une vidéo d’arrivée à l’entraînement, le retour du champion du monde 2019 sur ses terres. On ne compte plus, en revanche, les mises en scène avec les autres anciens de la maison. À l’applaudimètre, lors de l’entraînement ouvert au public, à Mayol, jeudi dernier, l’ex-élément des Stormers a été supplanté par Kolbe, Vermeulen et même… Kolisi, qui s’apprête pourtant à porter les couleurs du Racing 92 ! C’est ce qui s’appelle passer sous les radars.

Pour remercier les différents amateurs de rugby, les membres du staff ont offert à la foule de nombreux tee-shirts. De quoi retrouver un peu plus de vert et or à leur retour le lundi 25 septembre prochain. Trois jours plus tard, les Boks se brasseront une dernière fois à Mayol pour achever une aventure varoise riche en expériences de vie, et en nouveaux supporters.

Ils laisseront ensuite la place. Pour les quarts de finale, ils devront monter à la capitale pour espérer décrocher un deuxième sacre. Selon nos indiscrétions, l’Argentine et le pays de Galles sont intéressés par la possibilité de prendre la suite des Boks. Il n’est pas certain, en revanche, que la nation choisie supplante les champions du Monde dans le cœur des locaux.

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Les commentaires (1)
CasimirLeYeti Il y a 7 mois Le 19/09/2023 à 23:38

Mon Dieu, que l'Ovalie est un beau et grand pays !