Abonnés

Coupe du monde de rugby 2023 / XV de France - Forfait de Ntamack : un séisme et des répliques

Par Jérémy Fadat
  • Le séisme Ntamack et ses répliques
    Le séisme Ntamack et ses répliques
Publié le
Partager :

Lundi, le XV de France a subi son premier coup de massue de l’été, avec le forfait pour la Coupe du monde de son ouvreur et chef d’orchestre Romain Ntamack. Une absence aux conséquences lourdes dans le groupe et dans le jeu, mais à laquelle il convient de trouver les réponses pour avancer vers l’objectif affiché.

Il était là, mardi après-midi, pour la première séance de la semaine des Bleus à Capbreton. Au bord de la pelouse, presque incognito, Romain Ntamack conversait avec Cyril Baille, l’autre grand blessé du duel contre l’Écosse, à Saint-Étienne. La veille, il avait passé une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) aux aurores dans les Landes, laquelle a accouché du pire en milieu de matinée… Rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche, malheureusement bien plus grave que l’"hyperextension" annoncée par Fabien Galthié après le match, donc forfait pour la Coupe du monde.

Un séisme à l’échelle du rugby français, que l’intéressé avait senti arriver au fil des heures qui défilaient. Rassuré et rassurant avec ses coéquipiers dans les vestiaires de Geoffroy-Guichard samedi dernier, comme plusieurs d’entre eux l’ont confié, l’ouvreur international (24 ans ; 38 sélections) semblait beaucoup plus préoccupé à son réveil le lendemain matin. Parce que la douleur et la gêne, légitimement, l’inquiétaient sérieusement, même si le genou n’a pas gonflé. Et, malgré un certain optimisme qui régnait toujours dans le staff, lui est apparu de plus en plus fermé au fur et à mesure que la journée dominicale avançait. Revenu au camping de Seignosse, là où le XV de France réside actuellement, le Toulousain s’était d’ailleurs couché très tôt le soir, certainement conscient du verdict qui l’attendait… Ce fut un coup de massue. Pour lui, pour les Tricolores et pour tous les amoureux des Bleus. "Malgré notre victoire du week-end, on a vécu un lundi difficile, souffle Gaël Fickou. Quand on perd des joueurs de l’effectif, c’est toujours frustrant. Ce n’était vraiment pas la grande joie."

Ntamack s’était donc préparé depuis vingt-quatre heures à vivre la plus grande désillusion de sa jeune et brillante carrière sportive, lui qui avait fait de cette Coupe du monde à domicile un objectif suprême. Lui qui, deux mois après son chef-d’œuvre du Stade de France pour offrir le vingt-deuxième Bouclier de Brennus de son histoire au Stade toulousain, était au sommet de son art. Lui qui était tout simplement un patron de l’équipe nationale, auteur encore du premier essai français à Saint-Étienne. Tel que l’ont expliqué ses proches, il a pourtant tenu à faire bonne figure, tourné déjà vers le futur, et désireux de ne pas rajouter une chape de plomb supplémentaire sur une équipe de France assommée. "I’ll be back" (traduisez "Je serai de retour"), comme premier message posté sur ses réseaux sociaux. Flegme, lucidité et ambition… L’homme à l’image du joueur.

"Jalibert et Hastoy, c’est leur destin"

Reste que, s’il a voulu garder un contact direct avec ses amis lancés dans la mission de leur vie, Romain Ntamack laisse un immense vide, à la hauteur de la place qu’il a prise dans le plan de jeu des Bleus ces dernières années. "Personnellement, c’est dur, explique Thomas Ramos. Romain, je le côtoie au quotidien et le voir quitter le groupe à quelques semaines de la compétition, ça m’a fait mal." Il faut dire qu’outre les liens humains entre les deux Toulousains, ils avaient créé une connexion exceptionnelle sur le terrain, à laquelle il s’agit d’ajouter Antoine Dupont. Ce trio, à la baguette en club, était la clé de voûte du système offensif concocté par Laurent Labit depuis plusieurs mois. Une association qui avait fait des étincelles sur la deuxième partie du Tournoi des 6 Nations. Une valeur sûre - reflet des garanties que "NTK" apporte sur les fondamentaux du poste d’ouvreur - qui a volé en éclat lundi… "On a tous traversé une très mauvaise journée mais on a repris notre marche en avant et notre travail, assure Labit. On avait dit aux joueurs que ça fait partie des expériences d’une Coupe du monde. Ça tombe sur Romain, un garçon très sérieux, une pièce importante de notre groupe. Il reviendra plus fort."

En attendant, il faut compenser l’absence du maître à jouer. "Des solutions, on en a", reprend le technicien. Et Fabien Galthié de confirmer : "Pour Matthieu Jalibert et Antoine Hastoy, c’est leur destin, c’est écrit. C’est le moment d’y aller… Antoine est avec l’équipe de France depuis la tournée en Australie (en 2021, NDLR). Il a peu de sélections mais beaucoup d’expérience avec nous. Matthieu a aussi vécu la blessure pendant ces quatre ans. Aujourd’hui, il est là." Et la question n’est d’ailleurs pas de remettre en cause le talent du Bordelais, qui devrait être le successeur. Mais plutôt de savoir comment faire en sorte que l’ombre de Ntamack ne plane pas trop sur les Bleus ces deux prochains mois…

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (2)
Lursalail Il y a 8 mois Le 17/08/2023 à 20:38

Je ne suis pas médecin. Mais ne devrait-il pas déjà être opéré ?

fojema48 Il y a 8 mois Le 18/08/2023 à 10:50

Attendre qu'un éventuel hématome soit résorbé ! Expérience vécue !