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Bernard Laporte et Florian Grill : l'ultime bataille

Par Pierre-Laurent Gou et Léo Faure.
  • Bernard Laporte et Florian Grill.
    Bernard Laporte et Florian Grill.
Publié le Mis à jour
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Stratégies de campagne, mesures phares, hommes forts... À l'approche du dénouement de ces élections, nous vous proposons un dernier comparatif détaillé des deux candidats.

La stratégie de campagne 

Laporte  : « Je ne pouvais pas laisser les clubs seuls face à la crise du Covid 19 », se justifie Bernard Laporte à propos d’un lancement de tardif. Une campagne éclair entamée à la mi-août. Dès lors, pour rattraper le temps, il s’est évertué à rencontrer et convaincre le plus de club possible, lors des 28 réunions-débats qui se sont tenues en un peu plus d’un mois. L’occasion aussi de continuer à exercer ses prérogatives en répondant souvent directement aux interrogations des présidents sur leurs problèmes du quotidien : reprise des compétitions, interdiction de l’accès aux vestiaires, feuilles de matchs dématérialisées…

Grill :  Si la phrase de Laporte a pu heurter (« personne ne le connaît si ce n’est pas mère »), Florian Grill savait qu’il se lançait dans la course à l’élection avec un déficit de notoriété. Il a ainsi choisi de se lancer très tôt dans la campagne, dès son ouverture officielle (le 3 janvier). Et le candidat d’opposition ne compte plus les kilomètres pour aller à la rencontre des clubs, sur le terrain, pour se faire connaître et dérouler son programme. Des réunions physiques, puis des visio-conférences pendant le confinement. Des meetings « barbecues » pendant l’été, d’autres plus figés à la rentrée. « à chaque fois que nous allons sur le terrain, on constate qu’on marque des points » jure l’intéressé. Sa stratégie du tout-terrain était donc toute trouvée.

 

Les 3 mesures phares 

Laporte : 

  •  Les défraiements des arbitres à la charge de la Fédération.

C’est une réflexion qui est née lors des rencontres avec les clubs. Une fois l’accord signé entre le Comité des 6 Nations et le fonds d’investissement CVC, la fédération doit toucher 13 millions d’euros par an, sur cinq ans. Cet argent sera dédié à la prise en charge par la FFR de la totalité des frais d’arbitrage.
Une économie de plusieurs milliers d’euros pour chaque club.

  •  Plus 100 000 licenciés d’ici à 2024.

La FFR entend amplifier sa politique de reconquête des licenciés, lancée avec les Cadres Techniques de Club.
Pour ce faire, Laporte veut que la Coupe du monde 2023 soit au service des clubs, au travers des reversions financières, des 2023 apprentis qui leur seront dédiés et grâce à «l’effet levier» que peut apporter le XV de France, soit la vitrine du rugby français.

  • Simplification de la vie de dirigeant.

Laporte entend faire en sorte que la fédération soit encore plus proche de ses clubs. Pour cela, il souhaite la mise en place d’une liaison financière directe club - FFR, sans passer par les Ligues qui jusqu’alors reçoivent l’argent de la fédération avant de le reverser aux clubs. Il veut faciliter leur quotidien avec la mise en place d’une hotline pour répondre à leurs questions, faire des CTC, les premiers relais avec l’institution. 

Grill : 

  • Attribuer 8 millions d’euros supplémentaires sur la mandature (2 millions par an) aux clubs qui s’engagent à développer le rugby à l’école primaire en lien avec les comités départementaux : projet «1000 Ambassadeurs scolaires».

 

  • La décentralisation des championnats territoriaux : « Lancer avec les Grandes Ligues, la création de «Territoires» en leur sein en y décentralisant l’organisation des championnats territoriaux (discipline, règlement…) pour plus de proximité et pour limiter les kilomètres. »

 

  • Moderniser l’image du rugby et reconquérir les jeunes. Lancer une communication sur les valeurs éducatives du rugby et rassurer les parents en diffusant des pastilles vidéo sur la sécurité de la pratique dans les écoles de rugby.

 

Les internationaux au soutien

Laporte : Bernard Laporte dit vouloir être jugé sur ses actes, et pas sur son passé de sélectionneur. Il n’a pas voulu mettre en avant le soutien de ses anciens joueurs. Toutefois, certains se sont exprimés publiquement : l’ancien capitaine des Bleus, Guilhem Guirado, dans ces colonnes,  Serge Betsen ou encore Richard Dourthe se sont prononcés en faveur d’un second mandat de .aporte. Même chose pour Laurent Rodriguez, toujours opposé à Serge Blanco. Enfin, Fabien Galthié dans un entretien paru dans Midi Olympique le 11 septembre, a clairement indiqué sa préférence. Tout comme Didier Codorniou.

Grill : Ils sont dans sa liste, d’abord. Fabien Pelous, Serge Blanco, Jean-Claude Skrela, Abdellatif Benazzi ou Julien Pierre. D’autres, sans s’engager formellement, ont également œuvré à son soutien, de façon plus ou moins discrète. Eric Champ n’a pas hésité à monter au créneau, dans nos colonnes, pour taper sur la gouvernance en place. « Je vous le dis aujourd’hui : on va gagner car on va se rebeller. Je peux vous jurer que, personnellement, je ne me laisserai pas « guingasser ». S’ils le souhaitent, on peut même refaire un Toulon-Bègles de 1991 (rires). Ça pourrait être rigolo… » Derrière lui, Thomas Castaignède a suivi, dans un style évidemment plus policé. « à la tête de la Fédération française de rugby, nous avons besoin de personnes qui connaissent le monde de l’entreprise comme du monde associatif, qui accordent de l’importance à l’humain et qui montrent de la détermination dans la gestion d’un futur incertain, sans se voiler la face et sans mensonges. »

 

Les appuis « politique rugby »

Laporte : Ancien secrétaire d’Etat en charge des Sports, Laporte a conservé pas mal de relations. Ainsi, la présidente de la région Ile de France, Valérie Pécresse est considérée comme une de ses proches. Toujours côté politique, il a entretenu d’excellentes relations avec l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, qui l’a reçu à déjeuner ces derniers jours lors de son passage au Havre. Son successeur, Jean Castex, compte aussi parmi les « amis rugbystiques », de Bernard Laporte. Côté fédéral, il s’appuie sur les présidents de Ligues qui le soutiennent mais aussi sur son réseau du Tarn et en Paca, où il compte de nombreux amis parmi les présidents de petits clubs. Il est également proche de Claude Atcher, le directeur de la Coupe du monde 2023.

Grill : S’il n’est pas directement issu du sérail du rugby d’élite, Florian Grill a su fédérer, au fil de sa campagne, de nombreux éléments dans les cercles de décideurs pour porter son discours. En commençant par les activations de son réseau parisien, où il est implanté rugbystiquement. Récemment, ce sont Claude Bébéar et Jean-René Fourtou, anciens P.-D.G. respectivement de Axa et Vivendi, qui lui ont apporté leur soutien. Ce n’est pas rien : les deux hommes sont également parmi les fondateurs du Rugby Club, club privé parisien où se croisent parmi les grands dirigeants de ce pays pour y partager leur passion de ce sport. Du lourd, donc, pour un candidat en manque supposée de notoriété. Ce travail de réseau de Florian Grill lui a d’ailleurs permis, ces dernières semaines, de frapper à la porte de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. Histoire d’évoquer l’après, au cas où il serait élu.

Autre point central du « réseau Grill », Toulouse où Laporte compte bien des amis mais, aussi, des ennemis. Lesquels se sont mis en action pour lui barrer la route. Ces derniers mois, Guy Novès, Claude Hélias, Fabien Pelous ou Thomas Castaignède ont multiplié les activations de leur réseau pour porter la voix de Grill dans le sud. Enfin, à ne pas oublier: en guerre depuis quatre ans avec Bernard Laporte et l’équipe fédérale, Paul Goze et l’état-major de la LNR verraient d’un bon œil l’élection de Grill. Avec la perspective d’apaiser les tensions.

 

Le dernier meeting

Laporte : Il est arrivé à Toulouse en provenance de Bordeaux où, la veille, il avait fait campagne : revigoré, enthousiaste et combatif. Laporte reste un formidable compétiteur qui aime l’adversité ; et il en a trouvé sur sa route lors cette campagne. Chaque épreuve, même celle de la garde à vue, semblait l’avoir renforcé lors de son ultime rendez-vous face aux clubs. Gonflé à bloc, maîtrisant son discours sur le bout des doigts, il a défendu avec conviction ce qu’il dit être son meilleur atout : le bilan de ses quatre premières années à la présidence. Durant 90 minutes, il a cherché à convaincre les derniers indécis. « il n’y en aura pas beaucoup », promet-il. Aucune attaque vers son adversaire, il est resté concentré sur son programme face 200 personnes dont 82 présidents de clubs amateurs et Didier Lacroix venu en voisin, lui qui avait déjà assisté au meeting de Florian Grill.

Grill : C’est à la Maison du Handball, à Créteil (Val-de-Marne), que le leader de la liste d’opposition, Florian Grill, organisait mardi soir, à partir de 19 h 30, le dernier meeting d’une campagne l’ayant vu sillonner la France au fil de 230 étapes, pour autant de réunions. Il était accompagné, entre autres, de Jean-Marc Lhermet, Jean-Claude Skrela, Abdelatif Benazzi, Sylvain Deroeux, Jean-Charles Mascetti, l’ancien président du club de Marcoussis. Pour l’occasion, une centaine de personnes était présente. « Le rugby a besoin de sérénité, de calme, de modération », a notamment clamé Grill. Avant de se faire, à son tour, plus offensif. « Je suis un chef d’entreprise. Je ne dépense pas l’argent que je n’ai pas. La fédé actuelle fait le Grand Chelem déficitaire, avec des pertes colossales chaque année, depuis quatre ans… […] à l’heure du Covid, il aurait pourtant fallu dégonfler la bulle, pas l’alimenter. Cette fédération est la seule qui n’a pas de plan B. Toutes les fédérations du monde font des efforts budgétaires. Où sont, à la FFR, les réductions de salaires des dirigeants ? Je ne les vois pas. »

 

Les Hommes forts de la liste « Laporte »

Laporte s’appuie et s’est montré à la plupart des meetings avec trois piliers de son équipe. Il y a bien sûr, Serge Simon, dont il n’a eu de cesse de louer le travail dans la gestion de la crise du Covid 19, mais aussi le trésorier Alexandre Martinez, qui lui permet, avec son pilotage financier, de réaliser une politique de redistribution des recettes et enfin Alain Doucet, président de la Ligue d’Occitanie, adversaire de Laporte en 2016 et qui s’est rallié à l’actuel président de la FFR.

1. Bernard Laporte, PACA, président
2. Serge Simon, Nouvelle Aquitaine, vice-président
3. Alexandre Martinez, Occitanie, trésorier  
4. Dullin, AURA, secrétaire général
5. Wanda Noury, Ile de France
6. Alain Doucet, Occitanie
7. Marie-Pierre Pages, Occitanie
8. Henri Mondino, PACA
9. Sandrine Romagne, Normandie
10. Patrick Buisson, Occitanie
11. Laetitia Pachoud, Occitanie
12. Michel Macary, Nouvelle Aquitaine
13. Brigitte Jugla, Nouvelle Aquitaine
14. Dominique Coquelet, Pays de Loire
15. Virginie Deprince, Occitaine
16. Pascal Papé, Ile de France
17. Lydie Bonnet, AURA
18. André Prigent, Centre
19. Marie-Angès Masdieu, Nouvelle Aquitaine
20. Joël Tomakplekonou, Bourgogne-Franche-Comté
21. Véronique Cros, AURA
22. Jacques Vimbert, Normandie
23. Anne Gallissaires, Nouvelle Aquitaine
24. Sébastien Carrez, Hauts-de-France
25. Patrice Dumoulin, Grand Est
26. José Machado, Ile de France
27. Etuato Mulikihaamea, Wallis et Futuna
28. Patrice Croquet, Bretagne
29. Antoine Martinez, Occitanie
30. Yves Chenal, AURA
31. Jean-Simon Savelli, Corse
32. Jean-Michel Arazo, Occitanie
33. Alban Moga, Nouvelle Aquitaine
34. Roland Labarthe, Nouvelle Aquitaine
35. Christian Laclau, Nouvelle Aquitaine
36. Jacky Courrent,  Nouvelle Aquitaine
37. Jean-Claude Legendre, Occitanie
38. Marc Vaure, AURA
 

Les Hommes forts de la liste « Grill » 

Florian Grill le dit lui-même, dans son esprit, « Jean-Marc Lhermet n’est pas un numéro 2 : c’est un numéro 1 bis. » Il est évidemment l’autre tête d’affiche de l’équipe, à ses côtés dans tous les meetings et depuis le départ, à la conception du projet, quand il ne portait pas encore de candidat désigné à sa tête. Au-delà des anciens joueurs, on compte Claude Hélias, expert-comptable et trésorier des plus belles années du Stade toulousain ; Peter McNaughton, président du comité de Paris, très proche de Florian Grill dont on dit qu’il est la cheville ouvrière de l’équipe ; Sylvain Deroeux, enfin, ancien président de Provale (2006-2010) et directeur général de l’Usap (2011-2017) . C’est lui qui prendra la fonction de secrétaire général en cas d’élection.

1. Florian Grill, Ile de France, président
2. Jean Marc Lhermet, Aura, vice-président  
3. Pascale Mercier, Grand Est  
4. Jean Claude Skrela, Ile de France
5. Serge Blanco, Nouvelle Aquitaine  
6. Marion Kellin, AURA, Secrétaire générale adjointe
7. Claude Hélias, Occitanie, Trésorier
8. Eric Champ, PACA & Corse
9. Sylvain Deroeux, Occitanie, Secrétaire général
10. Caroline Cornou, AURA, Médecin
11. Jean Charles Mascetti, Ile de France
12. Renaud Lebert, Pays de Loire
13. Mathilde Simonato, Bourgogne-Franche-Comté
14. Fabien Pelous, Occitanie
15. Jean Benoit Portier, Pays de Loire
16. Nathalie Fabre, Nouvelle Aquitaine
17. Abdelatif Benazzi, Nouvelle Aquitaine
18. Eliane Cayol, PACA
19. Julien Pierre, Nouvelle Aquitaine, Sportif de Haut niveau
20. Anne Sophie Demoulin, Bretagne
21. Hervé Savy, Nouvelle Aquitaine
22. Brigitte Bordet, Bourgogne-Franche-Comté
23. Joel Castany, Occitanie
24. Amélie Gadois, Centre

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